- "Tu as changé", "J'espère bien"
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J’ai peur du changement

Cette année j’ai eu 24 ans, je suis considérée par beaucoup comme une adulte et pourtant je ne me suis jamais sentie aussi étrangère à ce mot que maintenant. Je suis arrivée à un âge où l’on me demande de faire des choix, qui ne sont à mes yeux que des regrets en devenir. 

Life
Publié le
13/5/24
Mis à jour le
5
minutes de lecture

La peur du changement 

Je me suis toujours sentie perdue lorsqu'il s'agissait de déterminer ce que je voulais faire de ma vie. Mais c'est maintenant, alors que je suis censée être une adulte responsable que je me retrouve sans aucune idée de mes désirs quant à la vie que je veux mener. Dans ce carrefour de ma vie qu'est l'âge adulte, je ressens une terrible angoisse du changement.

La peur du changement est tellement répandue qu’elle a un nom, c’est la métathésiophobie, une impression de n’avoir aucun contrôle sur sa vie à cause des changements constants. Cette peur pousse à vivre dans le passé pour se rassurer et ne pas affronter les changements du présent. On se réfugie alors dans l’illusion de la nostalgie, pendant que le présent continue son implacable marche en avant. En réalité, cette peur du changement est un spectre regroupant de nombreuses autres peurs comme celle de l’inconnue ou de l’échec. Changer implique de sortir de sa zone de confort, quitter le cocon qu’on s’est créé en tentant de fuir la réalité. Et c’est pourtant précisément dans ces moments de prise de risque que se cachent les plus grandes opportunités qui impliquent malheureusement d’être prêt à changer. 

La peur du changement est irrationnelle, car ce dernier est inévitable, il n’attend pas notre feu vert. En refusant d’y prendre part, par peur de l’inconnu, nous faisons malgré nous un choix, celui de laisser les opportunités nous filer entre les doigts. Nous faisons le choix de contempler nos ambitions faner avant même d’avoir pu éclore. Choisir, c’est avancer, prendre le risque d’échouer, mais pour mieux se trouver. L’âge adulte est une période d’incertitude, où chacun avance à son rythme. Et c’est là que réside la clé du changement, le faire doucement, sans se brusquer, en s’écoutant et en privilégiant toujours le choix conscient. En restant immobile, emprisonné dans la peur du changement, on se contente simplement de fuir et de laisser la vie choisir pour nous. 

Cette peur du changement chez moi vient à la fois d’une angoisse quant à l’avenir et les regrets, mais aussi de mon attrait pour la nostalgie. 

La maladie de la nostalgie

Nostalgie, n. féminin : sentiment de regret mélancolique d’une époque révolue ou inconnue. 

Tandis que certains disent souffrir de la maladie de l’amour, moi, je souffre d’un mal invisible, la maladie de la nostalgie. Je suis hantée par mes souvenirs, par ces moments passés qui ne reviendrons pas, mais dont je me refuse à faire le deuil. Tel un amant parti trop tôt, avec qui j’aurais eu une histoire inachevée, ce passé me laisse à jamais ce goût amer en bouche. 

Fidèle compagne de mes jours et de mes nuits, la nostalgie m'entraîne dans les méandres de mes souvenirs et me transforme en captive volontaire de mon passé. Je valse avec ces souvenirs que mes regrets transforment en doux moments, dénués d'exactitude, mais pourtant si réconfortants. Le temps d’une danse, j’en oublie le présent et les temps à venir. Je remets à plus tard les attentes de la vie d’adulte, les responsabilités et les peurs pour retourner au temps des rires de l'enfance et des jeux insouciants. 

Cette maladie de la nostalgie trouve ses racines dans ma peur de l’avenir, dans cette anxiété qui m'oppresse. Le temps passe si vite que j’ai parfois l’impression de ne même pas l’avoir effleuré, laissant derrière lui les regrets des possibilités non réalisées. Mais plus qu’une crainte du futur, c’est le présent qui me terrifie car l’immédiat, n’attend pas. Malgré mes tentatives désespérées pour le fuir, le présent persiste, me rappelant sans cesse à la réalité et me force à faire des choix. Il est le gardien de mes souvenirs, sculpteur de mon avenir que je redoute tant car je me refuse à quitter l’enfance. 

“La Bibliothèque de minuit” de Matt Haig, ou la fable des regrets. 

“The Midnight library” résumé

Imaginez que vous vous retrouviez entre la vie et la mort, et que dans ces limbes, plutôt que d’être face à une étendue vide, vous vous retrouviez dans une bibliothèque. Ce n’est pas n'importe quelle bibliothèque, c’est celle de votre vie ou plutôt des vies que vous auriez pu avoir si vous aviez fait des choix différents. C’est ce que raconte le roman de Matt Haig, “The Midnight library” (“La Bibliothèque de minuit”). Nous suivons l'histoire de Nora Seed, une femme troublée par ses choix passés et rongée par les regrets. Après une tentative de suicide, Nora se retrouve entre la vie et la mort, transportée dans cette mystérieuse bibliothèque. Elle découvre alors que chaque livre représente une version alternative de sa vie basée sur les choix qu’elle aurait pu faire différemment. Nora explore ainsi les différentes trajectoires que sa vie aurait pu prendre, se confrontant à ses regrets et à ses rêves inaccomplies. À travers le récit des vies de Nora dans les pages de ses vies alternatives, nous sommes confrontés à nos propres choix et à l'impact qu'ils peuvent avoir sur notre bonheur et notre épanouissement.

Courte analyse de “La Bibliothèque de Minuit”

“La Bibliothèque de minuit” est une véritable fable sur les regrets et les décisions de la vie. Au cours du voyage de Nora, nous, lecteurs, explorons avec elle les multiples possibilités de la vie. Le roman de Matt Haig nous enseigne que la peur du changement et des regrets peuvent nous paralyser, nous empêchant d'apprécier pleinement les merveilles et les opportunités qui se présentent à nous. À travers les pages des vies alternatives de Nora, nous sommes confrontés à nos propres choix et à leurs conséquences. Nous voyons comment chaque décision, même les plus petites, peut avoir un impact significatif sur notre destinée. 

Ce roman m’a particulièrement bouleversée et m’a amené à réfléchir sur mes propres regrets et ma peur de faire des choix et de changer. Bien que la nostalgie soit un cocon confortable où se réfugier, elle ne peut être une solution permanente à l’angoisse de la vie. Car plutôt qu’une épreuve qu’il faut traverser pour atteindre une destination, la vie est un voyage continu, imprévisible certes, mais rempli de possibilités. Chaque choix que nous faisons est une étape sur ce chemin, et bien que la peur puisse parfois nous paralyser, il est essentiel de continuer à avancer. Aucune décision n'est définitive, et il vaut mieux regretter un choix et en tirer une leçon, plutôt que de rester immobile par crainte de l'échec. Chaque étape, chaque décision, nous offre une opportunité de découvrir notre véritable potentiel.

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